Histoire, pressions et menaces

La première illustration naturaliste est une gravure sur bois datée de 1546, due au médecin strasbourgeois Herr et le grand naturaliste Conrad Gessner signale à cette époque le rongeur dans la région de Strasbourg. Le hamster d’Europe a été surabondant à certaines époques, en Russie on en capturait 16 millions en 1953 et 12 millions entre 1952 et 1956 en ex-RDA pour leur fourrure.

Bien qu’emblématique en Alsace, et autrefois surnommé « la marmotte de Strasbourg », le Hamster commun a presque disparu de France. En effet, « trop » abondant en Alsace dans les années 1960, il a été classé parmi les espèces nuisibles dès 1937 et à ce titre éliminé par des luttes collectives (arrêtés préfectoraux) d’empoisonnement et de piégeages. Des campagnes d’éradication, dans le but de protéger les cultures, ont été lancées à l’aide de pièges, de produits chimiques (comme le phosphure d’aluminium dès 1964) ou en les noyant. Ces opérations, avec parfois l’octroi de primes, ont été si efficaces que ce hamster a disparu de 90% de son aire de répartition au XXe siècle (85 communes en 2001 contre 380 communes au début du siècle). On n’atteste plus sa présence que dans quelques communes proches de Strasbourg.

En France, il semble que les principales causes de régression de l’espèce soient l’artificialisation, la dégradation et la fragmentation écologique des paysages, par le drainage, l’eutrophisation, les routes, et surtout la culture intensive du maïs qui a envahi près de 80% de la plaine d’Alsace en quelques décennies. La périurbanisation est un autre facteur, de même peut être que les pesticides, la dégradation croissante de l’environnement nocturne par la pollution lumineuse, certains microbes ou parasites véhiculés par des populations de tiques, elles-mêmes favorisées par une surabondance de sangliers et chevreuils et certains déséquilibres éco-paysagers. La diminution de l’élevage a aussi entraîné une baisse de la culture de la luzerne, à la base de l’alimentation de la petite faune des champs. D’autant que les zones de prédilection du grand hamster sont les zones de lœss, non inondables, qui sont également les terres les plus riches et les plus convoitées de la région.

Le défi est donc maintenant de reconstituer son habitat menacé par des cultures industrielles ou inappropriées (maïsiculture en particulier), l’urbanisation et la périurbanisation galopante et le développement routier qui détruisent et morcellent son territoire. La protection de l’animal implique d’autres méthodes de culture et le retour des légumineuses et des céréales à paille. Mais sous l’effet de la PAC (politique agricole commune), le maïs irrigué – fortement subventionné – a été préféré. Nombre de terriers ont alors été noyés.

Aujourd’hui, l’extinction de l’espèce a été évitée de justesse mais la faible population ne peut encore assurer sa survie. Grâce aux conventions, dans le petit noyau autour de Geispolsheim-Blaesheim-Entzheim, le cheptel a augmenté de 300 %. « Le hamster est un peu le baromètre de la petite faune sauvage. Là où le hamster est préservé, on voit aussi revenir le lièvre, la perdrix, le faisan et le renard » (Jean-Paul Burget, SFS).

Entre 2008 et 2009, trois Zones d’Actions Prioritaires (ZAP) ont été créées de manière à préserver les derniers noyaux de populations existantes. C’est principalement dans ces zones à vocation agricole (totalisant 62% de la population alsacienne dénombrée en 2010) que les opérations de sauvegarde se concentrent.

 

Carte de répartition des derniers noyaux de population en 2008

(données O.N.C.F.S. – graphique A.P.E.L.E.)

 

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