Plan de conservation en France

Depuis 1993, c’est une espèce protégée en France, mais il compte en 2009 parmi des « mammifères les plus menacés d’Europe » selon la Commission européenne ; en effet le nombre de terriers a encore chuté (de 1.167 en 2001 à 161 en 2007 et cette tendance s’est poursuivie jusqu’en 2009. L’APELE évalue la population 2009 entre 400-450 individus alors que le seuil de survie du Grand Hamster d’Alsace est estimé à 1500 individus.

 

Evolution des populations dans une zone noyau (Geispolsheim/Blaesheim/Entzheim)

(comptages O.N.C.F.S. – graphique A.P.E.L.E.)

 

Ce sont des associations de protection de la nature, au premier rang desquelles Sauvegarde faune sauvage, qui ont tiré la sonnette d’alarme dès la fin des années 80. Aujourd’hui, l’animal est protégé au même titre que l’ours, le loup et le lynx, en application de la Convention de Berne. Mais il a fallu un lobbying associatif très important pour que les textes européens et français ne restent pas lettre morte. Des représentants des exploitants siègent au comité de pilotage du plan de conservation «grand hamster». Présidée par le préfet, cette commission réunit également des représentants de l’Etat (ministère de l’Environnement et Office national de la chasse) et des collectivités locales. Depuis 1998 de nombreuses actions coordonnées entre la région et les associations de protection de la nature ont été engagées en Alsace pour sa sauvegarde et celle des cultures où il niche (jachères en particulier).

Pour cette espèce en voie d’extinction en France, un premier plan de sauvegarde (2000-2004) a vu le jour. L’objectif du plan de conservation élaboré par le comité de pilotage en 2000 est de protéger les habitats de l’animal, par le biais de conventions. En échange d’une rémunération (comprise entre 150 et 750 euros par an, suivant le type de culture), l’agriculteur s’engage à ne pas irriguer les champs, épandre du lisier ou utiliser des insecticides et laisser certaines terres en jachère.

Les campagnes d’information et l‘indemnisation des dommages aux cultures ont contribué à une meilleure acceptation de l’animal par le monde agricole mais le plan n’a pas permis d’atteindre la viabilité de la population. En 2001, dans les deux départements alsaciens, seuls 59 hectares étaient sous convention. Plusieurs difficultés rendent les agriculteurs hésitants. La coutume d’abord, le coût du sauvetage ensuite. Et nombreux sont ceux qui craignent une surpopulation des grands hamsters et des dégâts importants dans les cultures. La signature d’une convention implique donc pour l’ONCFS un délicat travail de sensibilisation. Mais il est aidé dans sa tâche par des associations locales de protection de la nature, qui n’hésitent pas à faire du porte-à-porte pour convaincre. En cas de dégâts dans les cultures, une indemnisation est proposée avec parfois la capture des hamsters dits coupables.

Pour la sauvegarde de l’espèce, les agriculteurs ont également été mis à contribution lors de la construction de routes ou d’aménagements urbains sur des zones à grand hamster. Le plan de pilotage prévoit des échanges de terrains pour « reloger » les animaux. Mais comme sur ces mêmes terrains s’exercent des pressions foncières très fortes, les échanges donnent lieu à des négociations difficiles. Les associations ont demandé 50 hectares comme mesure compensatoire sur la voie rapide du piémont des Vosges, et qui traverse sur 26 hectares un noyau de peuplement de hamster. Mais elles n’ont obtenu que 1,7 hectare.

Un plan de conservation a été élaboré sous l’égide du Ministère français de l’écologie. Il planifie les actions à mener pour la période 2007-2011. Il a pour objectif d’assurer le suivi à long terme et la viabilité des populations de Hamster commun en Alsace. Il s’articule autour de 6 axes :

  • Acceptation de l’espèce par les exploitants agricoles
  • Préservation et restauration des habitats favorables, en concentrant les efforts sur des zones ciblées (soutien financier aux cultures de Luzerne par exemple)
  • Suivi des populations et de leur incidence sur les cultures
  • Sensibilisation du public
  • Conservation de la souche génétique alsacienne et renforcement des populations
  • Lancement de programmes de recherche en partenariat avec l’étranger

Le but de ce programme est de maintenir et de renforcer localement les populations de Grand Hamster actuellement présentes en Alsace. La stratégie régionale de conservation de l’espèce développée dans ces plans doit comprendre des mesures suffisamment efficaces, non seulement pour stopper son déclin actuel mais également pour permettre la recolonisation d’au moins une partie des territoires perdus au cours des dernières années.

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